En cette dernière semaine de vacances, j’avais envie de vous parler de mes élèves, ces adorables créatures aux chevelures rebelles qui me rendent presque schizophrène.
Ils ont le don unique de me remplir de fierté, puis, une seconde plus tard, de me donner l’envie irrésistible de choisir entre une corde ou un billet d’avion pour m’évader loin, très loin. Je les appelle affectueusement les « attachiants » , un nom qui leur sied à merveille.
Ils se font aimer autant qu’ils me font tourner en bourrique. Mais, quoi qu’il arrive… on s’attache et on finit par les adorer, au grand dam de notre entourage qui se demande ce qu’on peut bien leur trouver !
Chaque année, ils se multiplient dans mes classes comme des Gremlins, avec des prénoms tantôt originaux, tantôt si communs qu’on ne sait plus qui est qui. Bref, être prof, c’est aussi avoir une mémoire d’éléphant !

Aujourd’hui, comme tous les jours, je pense à eux. Normal, me direz-vous, car je passe parfois plus de temps avec eux qu’avec mes propres enfants. Ce qui était jadis une routine agréable est devenu un fardeau pesant.
Comme je l’avais annoncé, je vais vous parler avec mes tripes. Je crois que c’est à la fac, grâce à certains chargés de TD, que j’ai commencé à rêver d’enseignement. Mais le manque de confiance, de visibilité et d’ambition m’a freinée. Moi, qui me voyais en robe d’avocate défendant la veuve et l’orphelin, j’ai finalement revu mes ambitions à la baisse pour des raisons familiales. Et puis, ayant réussi des tests pour un poste de juriste à la sécurité sociale, j’ai saisi cette « opportunité ».
Mes parents étant partis vivre aux Antilles, j’ai pris mon indépendance. Mais 20 ans plus tard, je sais que l’on a toujours le choix, et j’aurais tant à dire à cette jeune adulte que j’étais.
Entrée dans la vie active, suivie de mon mariage et d’un bébé, j’ai bien joué le rôle de la parfaite petite fille modèle. Mais la vie, ce n’est pas seulement ça… enfin, c’est ce que je croyais.
Après plusieurs vies (oui, j’en ai autant qu’un chat), je me suis retrouvée par le plus grand des hasards… Enfin, vous apprendrez avec moi qu’il n’y a pas de hasard. Tout est synchronicité, si vous observez bien les petits signes semés sur votre chemin.
Lorsque j’ai manifesté l’envie de réaliser ce vieux rêve enfoui, la vie m’a apporté un poste sur mesure. J’ai entamé une formation d’ingénieur pédagogique et un an plus tard… TADAAAM, me voilà à la tête d’une dizaine de classes. J’ai appris beaucoup sur mes limites, mes capacités, ma confiance en moi. Tout était exponentiel, mais j’ai décidé de me concentrer sur l’enseignement du français et la culture générale, délaissant le droit et l’économie, mes premiers amours de formatrice.
Je suis une grande perfectionniste, et le mot est faible… J’aime que tout soit impeccable et je ne laisse personne sur le carreau de l’incompréhension. On est un groupe, et je me dois d’embarquer tout le monde vers la réussite. Sauf que cette loyauté, cette volonté de fer à tout faire parfaitement, me coûte ma santé. J’ai commencé avec quatre classes et me voilà avec quatre fois plus d’élèves. Et le pompon sur la Garonne, après avoir travaillé comme une dingue pour un été tranquille, une réforme me tombe dessus.
J’étais épuisée, mais la warrior doublée d’un ascendant Sagittaire a ignoré les signaux que son corps lui envoyait. « Ce n’est rien, un peu de sommeil et ça repart », pensais-je. Sauf qu’il fallait se rendre à l’évidence : c’était utopique. Mon corps ne suivait plus, j’avais des pertes de mémoire, j’étais irritable. Le burn-out prenait insidieusement sa place.
Aujourd’hui, comme il y a 20 ans, la vie m’impose de prendre une décision. Comme je l’avais dit, on a TOUJOURS le choix. Le choix de dire stop, de reconnaître sa souffrance. Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve de ma souveraineté intérieure.
Créer ce blog, c’était l’envie de partager mon état d’esprit du moment. Mes valeurs de liberté et de loyauté sont mises à rude épreuve, et je dois trouver cet équilibre tant recherché.
Je n’ai pas de solution toute faite. J’adore mes élèves, mais mon désir de perfection et l’affect sont mes pires ennemis.

T’es tu déjà senti dans une situation aussi difficile ? Si oui, je serais ravie de te lire.
À bientôt pour la suite de mes aventures !!
Lesly